MATRIOCHKA : programme
"MATRIOCHKA", c'est le sourire triste de Moussorgski, l'intensité douloureuse de Rachmaninoff, la volupté d'Erdely, la tendresse d'Ivanov. C'est l'émotion ténue d'un Glinka qui se joint à l'extravagance sublime et désespérée d'un Tchaïkovski. C'est l'ouest et l'est qui se répondent à travers le russophile Zabel se souvenant du Faust de Gounod dans sa Fantaisie en lui donnant tout le lyrisme de cette âme slave où nostalgie, fatalité et mélancolie se côtoient dans un ondoyant désordre. C'est l'écho entre la légèreté tout sauf innocente du Prélude de Prokofiev et cette force sourde du Rossignol dont la mélodie d'Alabiev résonne avec tout le folklore d'un pays qui semble avoir souffert autant qu'il a aimé. Ce pays si vaste, où comme l'écrit Andreï Makine, « la surabondance d'espace engloutit le temps. Demain signifie "un jour, peut-être", le jour où l'espace, les neiges, le destin le permettront. Le fatalisme... ».
À l'image de ces poupées gigognes se dévoilant les unes après les autres, MATRIOCHKA décline les nombreuses facettes de l'âme russe, ses passions et ses brisures, jusqu'à ce qu'elles ne deviennent plus que musique et « n'existent plus que par leur beauté.»